29

Mercredi matin, huit jours après les événements de l’entrepôt d’Ermite Hobson, la punition de Colin fut levée. Il allait quitter la maison à contrecœur. Il examina ce qui l’entourait par toutes les fenêtres du premier étage ; et bien qu’il ne décelât rien qui sortît de l’ordinaire, la pelouse de sa propre maison lui parut bien plus dangereuse que n’importe quel champ de bataille de n’importe quelle guerre au monde, malgré l’absence de bombes qui explosaient et de balles qui sifflaient.

— Roy n’irait rien essayer en plein jour.

Il est cinglé. Comment peux-tu savoir ce qu’il va faire ?

— Allez. Vas-y. Sors, et fais ce que tu as à faire.

S’il attend…

— Tu peux rester caché ici jusqu’à la fin de tes jours.

Il alla à la bibliothèque. Tout en pédalant le long des rues ensoleillées, il regarda derrière lui à plusieurs reprises. Il fut pratiquement sûr que Roy ne le suivait pas.

Bien que Colin n’ait dormi que trois heures la nuit précédente, il attendait devant les portes d’entrée de la bibliothèque lorsque Mrs Larkin, la bibliothécaire, ouvrit pour le public. Il y venait deux fois par semaine depuis leur arrivée en ville, et Mrs Larkin avait rapidement compris ce qu’il aimait. En le voyant debout sur les marches, elle dit : « Nous avons reçu le dernier roman d’Arthur C. Clarke vendredi dernier. »

— C’est super.

— Je ne l’ai pas immédiatement mis sur les étagères, car j’ai pensé que vous viendriez le jour même, ou samedi au plus tard.

Il la suivit dans le grand bâtiment de stuc où il faisait frais, et pénétra dans la pièce principale où le bruit de leurs pas était étouffé par les gigantesques piles de livres, et où l’air sentait la colle et le papier jauni.

— Comme vous ne vous étiez toujours pas montré lundi après-midi, expliqua Mrs Larkin, je me suis dit que je ne pouvais pas bloquer le livre plus longtemps. Et là, justement, quelqu’un l’a emprunté hier après-midi, deux-trois minutes avant cinq heures.

— Ça ne fait rien, répondit Colin. Je vous remercie beaucoup d’avoir pensé à moi.

Mrs Larkin était une femme douce, aux cheveux roux et au trop petit front, avec trop de menton, pas assez de poitrine, et un trop gros derrière. Ses lunettes étaient aussi épaisses que celles de Colin. Elle adorait les livres et les rats de bibliothèque, et Colin l’aimait bien.

— Je suis surtout venu pour utiliser les lecteurs de microfilms, expliqua Colin.

— Oh, je regrette, mais nous n’avons pas de science-fiction sur microfilms.

— Ce n’est pas ce qui m’intéresse aujourd’hui. Ce que je voudrais, c’est consulter les anciens numéros du Santa Leona News Register.

— Pour quoi faire ? (Elle fit une grimace, comme si elle avait mordu dans un citron.) Je vais peut-être trahir ma propre ville natale en disant cela, mais le News Register est une des lectures les plus ennuyeuses qui soient. C’est plein de récits d’œuvres de charité et de comptes rendus des réunions du conseil municipal où des politiciens stupides discutent pendant des heures s’ils doivent ou non reboucher les trous sur Broadway.

— Eh bien… Je cherche en quelque sorte à préparer la rentrée de septembre à l’école, dit Colin, se demandant si ça lui paraissait aussi ridicule qu’à lui-même. La dissertation en anglais me pose toujours un petit problème, alors j’y pense à l’avance.

— Je n’arrive pas à croire que la moindre matière à l’école puisse vous donner des difficultés.

— En tout cas… J’ai cette idée d’un essai sur l’été à Santa Leona, non pas mon été, mais l’été en général, et d’un point de vue historique. Je veux faire quelques recherches.

Elle sourit d’un air approbateur.

— Vous êtes un jeune homme ambitieux, n’est-ce pas ?

Il haussa les épaules.

— Pas vraiment.

Elle hocha la tête.

— Depuis toutes ces années où je travaille ici, vous êtes le premier à venir pendant les vacances d’été se préparer pour la prochaine rentrée scolaire d’automne. J’appellerais ça de l’ambition. Sans aucun doute. Et c’est rafraîchissant, aussi. Continuez comme ça, et vous irez loin dans la vie.

Colin était gêné car il ne méritait pas ces louanges, et parce qu’il lui avait menti. Il se sentit rougir, et réalisa soudain que c’était la première fois de la semaine que ça lui arrivait, ou depuis plus longtemps que ça, peut-être, ce qui pour lui, constituait une espèce de record.

Il alla dans la petite salle des microfilms, et Mrs Larkin lui apporta les bobines des films qui renfermaient chaque page du News Register de juin, juillet et août de l’année précédente, ainsi que les mêmes trois mois de celle d’avant. Elle lui montra comment utiliser la machine, resta derrière lui le temps de s’assurer qu’il n’avait pas de questions, puis le laissa à son travail.

Rose.

Quelque chose Rose.

Jim Rose ?

Arthur Rose ?

Michael Rose ?

Il se souvenait du nom de famille en l’associant avec la fleur, mais il n’arrivait pas à se remémorer le prénom du garçon.

Phil Pacino.

Il se rappelait celui-là parce que c’était comme Al Pacino, l’acteur de cinéma.

Il décida de commencer par Phil. Il aligna les bobines des journaux de l’été dernier.

Il présuma que les deux décès avaient dû faire la une, il les parcourut donc rapidement, cherchant les gros titres.

Il avait oublié la date donnée par Roy. Il partit de juin et alla jusqu’au 1er août avant de trouver le récit.

 

UN GARÇON DE LA RÉGION PÉRIT DANS LES FLAMMES

 

Il était en train de lire le dernier paragraphe de l’article quand il sentit un changement dans l’atmosphère et sut que Roy se tenait derrière lui. Il se retourna vivement et faillit tomber de sa chaise tournante en pivotant, mais Roy n’y était pas. Il n’y avait personne. Personne aux tables de travail. Aucun flâneur parmi les piles de livres. Mrs Larkin n’était pas à son bureau. C’était le fruit de son imagination.

Il s’assit et relut l’article. C’était exactement comme Roy l’avait raconté. La maison des Pacino avait brûlé de fond en comble, une perte totale. Dans les décombres, les pompiers avaient retrouvé le corps calciné de Philip Pacino, âgé de quatorze ans.

Colin sentit les gouttes de sueur perler sur son front. Il s’essuya le visage de sa main et la passa ensuite sur son jean.

Il examina les journaux de la semaine d’après avec une attention particulière, en quête des articles suivants. Il y en avait trois.

 

RAPPORT DU CAPITAINE DES POMPIERS

IL JOUAIT AVEC DES ALLUMETTES

 

Selon le communiqué final, Philip Pacino avait provoqué l’incendie. Il jouait avec des allumettes à proximité d’un établi sur lequel il construisait des maquettes d’avions. Il se trouvait apparemment un certain nombre de produits extrêmement inflammables sur l’établi, y compris plusieurs tubes et pots de colle, un bidon d’essence à briquet, et une bouteille ouverte de décapant.

Le deuxième additif était un compte rendu en page deux des obsèques du jeune garçon. Il contenait des hommages des professeurs de Philip, des souvenirs larmoyants de ses amis, et des extraits de son panégyrique. Une photo des parents affligés ouvrait les trois colonnes de l’article.

Colin le lut deux fois avec le plus grand intérêt, car l’un des amis de Philip Pacino cité dans l’histoire était Roy Borden.

Deux jours plus tard, il y avait un long éditorial qui frappait dur dans le News Register.

 

PRÉVENTION DE LA TRAGÉDIE

QUI EST RESPONSABLE ?

 

Dans aucun des quatre articles ne figurait la moindre indication que la police ou les sapeurs-pompiers soupçonnaient le meurtre ou l’incendie volontaire. Ils avaient présumé dès le début qu’il s’agissait d’un accident, résultat de la négligence ou de la bêtise des adolescents.

Mais moi, je connais la vérité, pensa Colin.

Il se sentit las. Il était resté près de deux heures au lecteur de microfilms. Il éteignit la machine, se leva et s’étira.

Il n’avait plus la bibliothèque à lui tout seul. Une femme en robe rouge feuilletait les porte-magazines. À l’une des tables au centre de la pièce, un prêtre chauve et joufflu lisait un énorme livre en prenant assidûment des notes.

Colin se dirigea vers l’une des deux grandes fenêtres à meneaux à l’extrémité droite de la pièce et s’assit de biais sur le rebord large d’une soixantaine de centimètres. Il regarda par la vitre poussiéreuse, pensif… Au-delà, s’étendait un cimetière catholique, et tout au bout, l’église Notre-Dame-des-Douleurs veillait sur la dépouille de ses paroissiens montés au ciel.

— Hello.

Colin leva les yeux, surpris. C’était Heather.

— Oh, bonjour, répondit-il. Il fit mine de se lever.

— Ne te dérange pas pour moi, dit-elle dans un chuchotement adapté à l’endroit. Je ne peux pas rester longtemps. J’ai quelques commissions à faire pour ma mère. J’étais juste passée chercher un livre, et je t’ai vu assis là.

Elle portait un tee-shirt marron et un short blanc.

— Tu es superbe, dit Colin, essayant de parler aussi bas qu’elle.

Elle sourit. « Merci. »

— Absolument superbe.

— Tu me fais rougir.

— Pourquoi ? Parce que j’ai dit que t’étais superbe ?

— Eh bien… dans un sens, oui.

— Tu veux dire que tu te sentirais mieux si je disais que t’es affreuse ?

Elle eut un rire gêné. « Non. Évidemment pas. C’est simplement que… personne ne m’avait encore jamais dit que j’étais superbe. »

— Tu plaisantes.

— Non.

— Aucun mec ne t’a jamais dit ça ? Ils sont tous aveugles ou quoi ?

Elle se mit à rougir. « Je sais que je ne suis pas aussi superbe que ça. »

— Mais si, bien sûr.

— Ma bouche est trop grande.

— Ce n’est pas vrai.

— Si, c’est vrai. J’ai une bouche immense.

— Elle me plaît.

— Et mes dents ne sont pas terribles.

— Elles sont très blanches.

— Deux d’entre elles sont un peu mal rangées.

— Pas au point qu’on le remarque.

— Je déteste mes mains.

— Hein ? Pourquoi ?

— Mes doigts sont tout boudinés. Ma mère a de longs doigts fuselés. Mais les miens, on dirait des petites saucisses.

— C’est idiot. Tu as de jolis doigts.

— Et mes genoux sont cagneux, ajouta-t-elle.

— Tes genoux sont parfaits.

— Écoute-moi, dit-elle nerveusement. Quand un garçon finit par dire que je suis jolie, j’essaie de le faire changer d’avis.

Colin était stupéfait de découvrir que même une fille aussi jolie que Heather pouvait douter d’elle-même. Il avait toujours cru que ces gosses qu’il admirait – ces garçons et filles californiens, radieux, aux yeux bleus et aux membres musclés – étaient une race au-dessus de toutes les autres, des êtres supérieurs qui glissaient à travers la vie avec une assurance totale, un sens inébranlable de la valeur et des intentions. Il était à la fois content et contrarié de déceler cette faille dans le mythe. Il réalisait subitement que ces adolescents particuliers et rayonnants n’étaient en réalité guère différents de lui, qu’ils n’étaient pas si supérieurs qu’il le croyait et cette découverte lui remontait le moral. D’un autre côté, il avait l’impression d’avoir perdu quelque chose d’important – une douce illusion qui, parfois, lui avait réchauffé le cœur.

— Tu attends Roy ? demanda Heather.

Mal à l’aise, il se mit à gigoter sur son rebord. « Euh… non. Je fais juste des… recherches. »

— Je croyais que tu guettais Roy par la fenêtre.

— Je me reposais. Je faisais une pause.

— Je trouve ça gentil la façon dont il passe chaque jour.

— Qui ?

— Roy ?

— Passe où ?

— Là, dit-elle, désignant un endroit un peu plus loin.

Colin regarda par la vitre, puis se tourna de nouveau vers la jeune fille. « Tu veux dire qu’il va tous les jours à l’église ? »

— Non. Au cimetière. Tu n’es pas au courant ?

— Raconte-moi.

— Eh bien… J’habite la maison d’en face. La blanche avec la charpente bleue. Tu la vois ?

— Oui.

— Pratiquement à chaque fois qu’il vient, je l’aperçois.

— Qu’est-ce qu’il fait là ?

— Il rend visite à sa sœur.

— Il a une sœur ?

— Avait. Elle est morte.

— Il n’en a jamais soufflé mot.

Heather acquiesça. « Je ne pense pas qu’il aime en parler. »

— Pas un seul mot.

— Une fois, je lui ai dit que c’était vraiment gentil, tu sais, la façon dont il s’arrêtait si fidèlement sur sa tombe. Il est devenu furieux contre moi.

— Vraiment ?

— Fou furieux.

— Pourquoi ?

— Je ne sais pas. Au début, j’ai cru qu’il était sans doute encore éprouvé par sa mort. Que ça le faisait tellement souffrir qu’il ne voulait pas en parler. Mais après, on aurait dit qu’il était en colère parce que je l’avais surpris en train de faire quelque chose de mal. Mais il ne faisait rien de mal. C’est plutôt étrange.

Colin réfléchit à cette nouvelle. Il regarda fixement le cimetière ensoleillé. « Comment est-elle morte ? »

— Je l’ignore. C’est arrivé avant moi. Je veux dire, nous ne sommes installés à Santa Leona que depuis trois ans. Elle était morte bien avant.

Une sœur.

Une sœur décédée.

D’une manière ou d’une autre, c’est là que se trouvait la clé.

— Bon, dit Heather, sans se douter de l’importance de l’information qu’elle lui avait donnée, je dois y aller. Ma mère m’a donné une liste de commissions. Elle attend mon retour avec tout ce qu’il faut d’ici environ une heure. Elle n’aime pas les gens en retard. Elle dit que le manque de ponctualité est le signe d’une personne molle et égoïste. Je te retrouve à six heures.

— Je regrette qu’on doive aller à la séance de l’après-midi, dit Colin.

— Ça ne fait rien. De toute façon, c’est le même film.

— Et comme je te le disais, il faut que je sois rentré aux alentours de neuf heures, avant qu’il ne fasse complètement nuit. C’est vraiment la barbe !

— Mais non. Il n’y a pas de problème. Tu ne vas pas être éternellement puni. Le couvre-feu ne dure qu’un mois, c’est ça ? Ne t’inquiète pas. On va bien s’amuser. À tout à l’heure.

— À tout à l’heure.

Il la regarda traverser la bibliothèque silencieuse. Après son départ, il se tourna une fois de plus vers le cimetière.

Une sœur morte.

La voix des ténèbres
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